Les arènes de Nîmes - Nîmes, ville romaine

Les Arènes de Nîmes

Les arènes de Nîmes

Au IV° siècle avant Jésus Christ, les Volques sont venus s'établir en Gaule méridionale. Ils se développent aux alentours de la source une agglomération d'habitations et fondent ainsi une cité primitive. Cet environnement particulier devient rapidement un lieu de culte, d'échanges commerciaux et sert également de chef-lieu politique. Le dieu Némos ne peut empêcher la colonisation romaine, en l'an 120 avant notre ère. Les Gaulois deviennent des Gallo-romains, et cent ans plus tard, Auguste fonde la colonia Augusta Néosus, une colonie remarquablement bien située dans la province narbonnaise.

Alors, pourquoi ce site est il remarquable, en quoi est il remarquable ?

d'une part par la présence de l'eau, on a la source dite de la fontaine qui permet donc la vie au quotidien. On a également un réseau de communication très ancien qui parcourt le territoire, que ce soit vers le sud que ce soit vers le nord, et on a une trilogie géographique, avec des reliefs qui sont très élevés, calcaires, secs, une sorte de piémont qui va supporter une ville, et plus loin évidemment, ce qu'on appelle la bistringue, qui est une zone très humide. Un carrefour de voies, une source, une protection naturelle, une sorte d'amphithéâtre tourné vers le sud, ensoleillé, à l'abri du vent du Nord, le mistral chez nous. Toutes les conditions étaient réunies pour que Nîmes existe.
Les constructions romaines
César Auguste imperator, fils du divin Jules César, consul pour la onzième fois, donne ses portes et ses murs à la colonie. Telle est l'inscription qui figure au dessus de la port d'auguste, vers l'an 15 avant notre ère. César Auguste, imperator, fils du divin Jules César. Cette porte monumentale de près de quarante mètres de large et quinze mètres de haut à l'époque marquait l'arrivée de la voie Domitienne en provenance d'arles. La voie Domitienne traversait la cité en passant par le forum et la Maison Carrée, puis ressortait par la porte de France en direction de l'espagne. Cette entrée prestigieuse, lieu de passage entre campagnes et espaces urbains, architecturalement équilibrée par des passages piétons sur les côtés et des passages véhicules au centre, facilitait les échanges commerciaux et les prélèvements de taxes à la gloire d'auguste. À Nîmes effectivement s'installe un carrefour de voies, on a des voies qui se développent. Nîmes, le schéma qu'on peut représenter, c'est un schéma en étoile. On utilise au mieux le relief pour être défensif, pour être vu mais surtout pour voir et puis on utilise également une trame de chemins préexistants. De grandes voies de communication, que ce soit des communications est ouest, c'est à dire de l'Italie vers l'espagne, ou des Cévennes vers le littoral, vers ce qui deviendra Aigues Mortes ou la Camargue, donc des réseaux denses, une desserte du territoire importante, et une utilisation heureuse de la topographie, et une présence heureuse de l'eau pour pouvoir au quotidien y survivre. Dans la deuxième moitié du premier siècle, aux environs de 50-60, effectivement un aqueduc est construit. On avait besoin pour alimenter des thermes, pour alimenter des fontaines, pour alimenter des jeux d'eau prestigieux certainement, d'un apport supplémentaire d'eau. On va chercher très loin, du côté d'uzès, aux pieds mêmes d'uzès, une source suffisamment importante, suffisamment abondante, suffisamment élevée pour permettre un écoulement permanent, et sur près de cinquante kilomètres, on établit un aqueduc, un conduit, un tunnel qui est fermé et qui va acheminer l'eau jusqu'à ce qu'on appelle à Nîmes improprement le castellum.
La Maison Carrée
La célèbre maison Carrée est un sanctuaire qui a été érigé en hommage au fils adoptif d'auguste. A Caiûs Elucius César, prince de la jeunesse, vers l'an V de notre ère. Ce temple dominait la place publique essentielle de la ville de la cité, le forum. La Maison Carrée, elle a été construite sur le forum de la colonie de Nîmes. Elle se trouvait en réalité dans la partie sud du forum, et il fallait imaginer qu'il y avait tout autour non seulement des portiques, qui lui créaient un écrin architectural, mais aussi d'autres bâtiments, d'autres édifices publics. Il y avait par exemple la curie, c'est à dire le lieu de réunion du Sénat. Il y avait aussi évidemment comme dans toutes les villes romaines d'autres bâtiments publics, probablement une basilique, d'autres temples aussi, mais aussi peut-être un marché, le macellum, qui ont été complètement détruits ici à Nîmes. La Maison Carrée illustre parfaitement l'architecture romaine classique, par le fait qu'elle est un temple de style corinthien, d'ordre corinthien, ses chapiteaux à feuille d'acanthe et ses bases moulurées, c'est un temple pseudo-périptère, ça veut dire qu'il est entouré d'une colonnade, à colonnes engagées sur les murs de la sella. On va regarder un peu plus en détail son entablement, c'est à dire toute la partie supérieure, la partie qui soutient le toit, et qui repose sur les chapiteaux. Alors de bas en haut on observe une architrave à trois faces lisses, puis une très belle frise à rinceaux d'acanthe, très élégante, si on pouvait la voir très bien en détail, laisserait apparaître des petits éléments anecdotiques sous la forme de petits oiseaux qui ont été disséminés dans les feuillages. Et qui animent le rinceau. Au dessus, on voit la corniche, c'est une corniche à modilleaux et le larnier, le couronnement de l'entablement, sur lequel vous distinguez parfaitement des têtes de lion, des muffles de lion qui sont des gargouilles en fait. Tout à fait au sommet de l'édifice, se détachent sur le ciel des demi-cercles. Ce sont des antéfix, c'est à dire des tuiles de rive, des tuiles qui étaient décorées. C'était celles qui étaient placées à l'extrémité des rangées de tuiles canal, et entre les deux il y avait les tegulae, les tuiles plates. La toiture de la Maison Carrée a été récemment restaurée, à l'identique si vous voulez, comme on suppose qu'elle était à l'époque romaine. La Maison Carrée s'appelle la Maison Carrée. Ça veut dire qu'elle a des angles droits. Ce qui est important c'est de remarquer qu'elle porte ce nom qui est un nom descriptif, qui signale le fait que c'est un édifice régulier, un édifice en quelque sorte bien construit, pensé à l'avance. Je pense que c'est cette tradition là. Elle s'appelle Maison Carrée parce que dans l'imaginaire collectif de toutes les générations, elle est un édifice particulièrement élaboré, particulièrement construit. Ca veut dire que son architecture, est impressionnante ou démonstrative pour tout le monde. Je crois que c'est une des clés de sa transmission, certainement.
Les Arènes de Nîmes
La date de la construction de l'amphithéâtre se situe entre les années 50 et 100 de notre ère. Elle serait postérieure à celle de l'aqueduc et marquerait ainsi une période de prospérité pour la ville. Des galeries concentriques majestueuses, des escaliers, et des passages couverts desservent 34 rangées de gradins. Un lieu de divertissement exceptionnel qui pouvait accueillir 23000 personnes. Réparties de bas en haut selon leur situation dans l'échelle sociale. Cet amphithéâtre était principalement destiné à des combats de gladiateurs ou d'animaux. Les amphithéâtres sont souvent conservés à cette phase de l'antiquité tardive, quand la civilisation romaine s'est un peu effondrée, et qu'il y a eu une grande insécurité, une grande difficulté à survivre dans un contexte beaucoup plus violent, beaucoup plus agité, beaucoup moins uni politiquement, et ils sont devenus souvent des forteresses, parce qu'évidemment la silhouette même de l'édifice, sa masse qui forme une sorte d'enceinte naturelle, a un intérieur, c'était évidemment les gradins, c'était pas très hospitalier mais on pouvait y édifier des constructions, et on va dire que la silhouette naturelle de l'édifice a permis une réutilisation de type militaire assez vite. Mais enfin, la vocation militaire de l'amphithéâtre de Nîmes est assurée, comme celui d'arles, comme dans bien d'endroits. Il y a même une chose assez curieuse, bien documentée par des sources écrites, c'est que les arènes sont occupées par des hommes d'armes, qu'on appelle les chevaliers des arènes et qui forment une espèce de confrérie, qui détiennent collectivement la seigneurie des arènes. Ils se sont peut-être partagé l'édifice par travées. Il existait plusieurs tours, comme à Arles sur l'amphithéâtre. Ce château des arènes va remplir un rôle dans la vie des arènes. Tout ça, ça fait du monde, surtout s'ils sont plusieurs dans les arènes, et peu à peu ils vont construire des maisons, ils vont adapter des lieux, et à la fin du Moyen-âge, c'est véritablement un quartier urbain qui comporte plus de cent maisons, dans lequel il y a deux églises, et dans lequel il y a aussi un petit château, un petit endroit, un petit réduit fortifié à l'intérieur. Cette situation va perdre son caractère militaire, perdre son aspect féodal à la fin du Moyen-âge et va rester un quartier urbain jusqu'à la Révolution, puisque le dégagement des arènes n'est entrepris que très peu de temps avant la Révolution. Les monuments sont remis en scène. Ils sont perpétuellement réappropriés. Je crois que c'est ce qu'on se disait tout à l'heure, les monuments ne nous sont pas parvenus là par hasard. Aujourd'hui on a l'impression que les monuments sont là uniquement pour notre plaisir, que c'est une donnée de fait, qu'on peut les visiter, qu'on peut en profiter. Ils ne sont pas là par hasard. Ils sont là parce qu'ils nous ont été transmis. Ils nous ont été transmis de façon délibérée. Ils n'ont pas été comme un patrimoine délibérément transmis comme une chose d'ordre culturel, même si ça a pu toujours être en filigrane ou en arrière pensée, ils ont été transmis parce qu'ils ont été à chaque fois appropriés par chaque génération, à un usage, à une manière de voir, à une manière de les comprendre, de les utiliser, de les respecter. Ca veut dire que chaque époque à sa manière de transmettre le monument, de se l'approprier. Et donc d'avoir une raison de le conserver. Transcription : Nicole COMERT Script du film Nîmes, ville romaine

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Citation :

La photographie, c'est la conscience même de la peinture. Elle lui rappelle sans cesse ce qu'elle ne doit pas faire. Que la peinture prenne donc ses responsabilités.

[ L'Intransigeant, 15 novembre 1932. Brassaï]